Elle

Nous la connaissons tous, sans même le savoir

Parce que nous n'avons pas envie de le voir

Celle qui à défaut d'être ici, n'est pas là,

À défaut d'être comme ci est comme ça

 

Quand elle ne souffre, elle s'estime heureuse

De ne souffrir que parce qu'elle est malheureuse

Ses discrètes larmes tombant sur son sourire

S'effaçant à petit feu à chaque soupir

 

Tandis que toi, tu passes là, à coté d'elle

Et ce, sans même en garder la moindre séquelle

Habituée de boire la tasse dans sa barque,

Elle à chaque vague elle hérite d'une marque

 

Les rares personnes qui la connaissent peu

Pensent panser ses états d'âmes par des vœux

Mais les quelques-uns qui la comprennent vraiment

Sont conscients de ces choses qui la blessent tant

 

Son coeur prisonnier de ces trop nombreuses chaînes

De l'amour qui s'abat sur elle et se déchaîne

Ces chaînes dont elle aimerait tant s'échapper

Or, c'est son âme qui finit par se briser

 

À ses pieds, le boulet de la brutalité

Massacre la beauté journée après journée

Puisque faute d'une carapace anti-con

Elle s'est retrouvée avec de grands pieds de plomb

 

Qui l'ont mise plus que souvent plus bas que terre

L'éloignant du soleil, l'approchant des misères

Faut pas qu'elle se mette en tête que la corde au cou

Est le seul moyen pour revoir un ciel trop flou

 

Souvent, elle n'a qu'une envie, c'est de crier

Et pourtant, encore et toujours elle se tait

Mais c'est bel et bien dans ces profonds silences

Qu'au fond, elle parle le plus de ses souffrances

 

Souvent elle n'a qu'une envie c'est de pleurer

Mais ne sachant jamais qui pourrait bien sécher

Ses larmes s'échouant au creux de son sourire

C'est avec sa peine qu'elle doit s'endormir

 

Parfois dans mes bras, j'ai envie de la serrer

Pour recoller ce qui en elle s'est brisé

Mais elle me semble si sensible et fragile

Que j'ai bien peur de ne pas être assez agile