L'épicerie

C'est grand soleil sur la vitrine

Enfin le retour des beaux jours

On hume l'air de nos narines

Et on s'évade, on en a lourd

Depuis le temps qu'on se confine

On s'ballade chacun son tour...

On va jusqu'à l'épicerie

Un peu craintif, faut bien l'admettre

On se rassure, on se sourit 

Entre nous il y a ce mètre

Bien-sûr on en n'a pas envie

En plus il paraît kilomètres

Et de l'entrée à la sortie

On suit toutes ces banderoles 

L'épicerie est un circuit...

Faut dire que c'est bien plus drôle

À la foire quand on le suit,

Cette vie est devenue folle !

Une fois devant la caissière,

À travers ce grand plexiglas,

Les grandes discussions d'hiver

Manquent au silence qui prend place...

Le sourire de la crémière

Sous un masque, aussi s'efface...

Le boucher à l'air déguiser

Vêtu de cet équipement

Obligé de se protéger

Et mettre bien plus que ses gants...

Pour qu'on puisse encore manger,

Mais c'est plus du tout comme avant !

Dans les rayons on est que trois...

Les suivants attendent dehors

Bien moins de ragots qu'autres fois,

Personne pour parler trop fort,

On fait vite, ça va de soi !

Alors on paye et on ressort...

Y'a les clients qu'on n'a pas vus 

Et qu'on a hâte de revoir

Puis, y'a ceux qu'on ne verra plus...

On ne veut toujours pas croire 

Avoir entendu, qu' "il l'a eu"

Drôle de "grippe" cette histoire... !

Au sortir de l'épicerie

Soleil donnant sur la façade

Au fond de moi j'entends un cri 

J'pense à tous ceux qui sont malades

J'pense à tous ceux que l'on oublie 

Elles sont loin les régalades

Dans quelques jours j'y reviendrai

Et qui sait la prochaine fois ?

Peut-être, je regarderai

Et dirai "merci d'être là"

À la caissière et au boucher

Pour le risque qu'ils prennent là !

Quand reprendrons nous notre vie ?

J'veux des discussions par milliers

Et j'veux voir les rayons remplis

J'donnerais tout pour retrouver

Le bonheur dans l'épicerie,

Ce doux goût de la liberté...